Hausse du délai de carence, baisse des indemnités maladies : les fonctionnaires trinquent

Une fois de plus le gouvernement tape sur cette cible facile et privilégiée des populistes : les fonctionnaires. Devant une assemblée vidée de ses députés macronistes, le ministre de la fonction publique, M. Kasbarian, annonce vouloir lutter contre l'"absentéisme" des fonctionnaires en imposant 3 jours de carence. 

A la recherche d'économies pour boucler le budget 2025, et plutôt que de s'attaquer aux diverses niches fiscales, de rétablir l'ISF ou encore de baisser les aides colossales aux entreprises sans contreparties (CIR, CII, abaissement des charges sur les bas salaires), le gouvernement matraque et stigmatise à nouveau les fonctionnaires, en qualifiant d'"absentéisme" leurs arrêts maladies. Les mesures annoncées dès 2025 sont : 

  • le passage de 1 à 3 jours de carence en cas d'arrêt maladie (le jour de carence avait été rétabli en 2018, sous le gouvernement de Edouard Philippe)
  • l'abaissement du traitement de 100% à 90% lors de l'arrêt. 

Le gouvernement parle de s'aligner sur le privé alors que la plupart des conventions collectives du privé finance ces jours de carence et que la complémentaire santé, payée en grande partie par l'employeur, prend en charge un traitement à 100% en cas d'arrêt maladie. 

Si il est mis en avant une hausse des dépenses annuelles de 12,4 à 15,8 milliards d'euros (hors Covid) par la commission des comptes de la Sécurité sociale, public et privé confondus, celle-ci s'explique par plusieurs facteurs : la hausse du nombre d'arrêts qui est liée également à un vieillissement de la population et au recul de l'âge de départ à la retraite, mais aussi la hausse des salaires.

Ces mesures encouragent les personnes malades à travailler, et amplifie la contamination des personnels sur leur lieu de travail ainsi que la contamination des usager-ères quand ces personnels sont en contact avec du public. Les AED, AESH et enseignant-es, en contact d'enfants et d'adolescent-es à longueur de journée, et dans des classes toujours plus chargées, sont particulièrement exposé-es aux maladies transmissibles.  Ceci d'autant plus que la question de la qualité de l'air à l'école, si elle a fait l'objet de promesses électorales avec les purificateurs d'air annoncé par Macron mais jamais arrivés, est complètement délaissée par les pouvoirs publics.

Il est indispensable de rappeler l'importance de se protéger et de protéger les autres en restant chez soi lorsque l'on est malade. Inciter les travailleurs et travailleuses  à continuer à avoir des contacts quand ils et elles sont malades est un non sens en matière de santé publique. En cas de maladies contagieuses mais aussi plus largement car les personnes malades iront moins voir leurs médecins, recoureront plus à l'automédication et des pathologies bénignes ou guérissable si prises à temps risquent de s'aggraver ou d'être découvertes à un stade plus avancé.  

Ces mesures sont également injustes et validistes : elles touchent d'abord les personnels dont la santé est la plus fragile et notamment les agent-es en situation de handicap et les agent-es les plus âgé-es. Elles sont aussi sexistes quand on sait que l'endométriose touche plus de deux millions de femmes et que la maladie ne faisant pas partie  des affections de longue durée (ALD 30), permettant de supprimer le délai de carence, elle engendre d'ores et déjà des pertes financières importantes pour celles qui en sont victimes.  Une société où règne le "Marche ou crève" ou du "souffre en silence" c'est cela que ce gouvernement et leurs allié-es fascistes veulent nous imposer et c'est cela qu'il nous faut combattre.

La mise en place d'une véritable médecine de prévention ainsi que des visites médicales régulières est nécessaire pour agir réellement sur la santé des personnels. Nous ne voulons pas de mesures punitives mais de la prévention. Et cela passe également par une augmentation des moyens de santé, en particulier pour les hôpitaux publics qui souffrent depuis des années de manque de personnels et de manque de moyens. Et par des mesures favorisant l'implantation de médecins et de centres de santé partout sur le territoire. 

Concernant notre secteur professionnel, en cette période de manque d'attractivité de la profession, où les concours de l'enseignement peinent à attirer, où il est difficile de recruter des AESH, où les salaires sont gelés, on imagine que les effets d'une telle mesure vont avoir des effets délétères sur l'attractivité déjà très mise à mal des métiers de l'éducation.

Cependant ne nous y trompons pas. Il ne doit en aucun cas s'agir  d'opposer travailleur-euses du public et du privé, l'une des stratégies du gouvernement et des populistes réactionnaires en général. Si il y a des privilegié-es dans ce monde et des personnes qui vivent sur le dos des autres ce sont les exploiteurs et celles et ceux qui leur permettent grâce à leurs lois et aux discours de haine raciste, masculiniste, homophobe et validiste de prospérer.

Luttons pour la suppression de tout jour de carence,  pour la retraite à 60 ans maximum, pour la gratuité  des soins et un service public de qualité, pour l'augmentation des salaires et allocations pour les personnes qui ne peuvent pas travailler.

Luttons pour reconquérir des droits sociaux et l'autorisation de rêver à un monde qui ne soit pas celui du " marche ou crève" mais celui de l'entraide, du partage et de la solidarité.