Lycée Paul Langevin - Histoire d’une grève
par
Le licenciement massif de personnels précaires ces derniers mois ( 10,5 postes de CES et de CEC entre septembre et décembre) a révélé à quel point le lycée Langevin de La Seyne sur mer avait profité de la politique anti-sociale des gouvernements en place au cours de la décennie écoulée.
Classé en zone sensible, l’établissement s’était vu doter d’une pléthore de postes jetables puisque prés de 50 personnes travaillaient dans la plus grande précarité, il y a encore quatre ans.
Le départ échelonné des emplois jeunes a enclenché le processus de désertification et si la rentrée 2003 avait été amère, celle de 2004 se présentait indigeste pour tous et infernale pour les agents titulaires accompagnés dans leurs tâches par les derniers précaires assurant les services d’entretien, de surveillance et de gestion administrative.
« Gérer la pénurie », « chercher des solutions alternatives » tels étaient et sont désormais les mots d’ordre des « caporaux », à Langevin, comme ailleurs.
A défaut de révolte, notre établissement commençait à bruire et à grogner comme disent certains journalistes en mal de métaphores animales. Les collègues enseignants râlaient en découvrant les salles « pourries » où ils devaient officier et les échauffourées entre élèves laissés à la seule surveillance des caméras vidéo se multipliaient.
Dans ces conditions l’A.G. du jeudi 18 novembre (1) allait être une réussite.
A la fin d’une séance qui s’avérait un peu trop thérapeutique, la proposition de SUD éducation d’organiser une grève rapidement et localement fut votée par 90 pour cent des 90 présents virant peut-être définitivement, les stigmates laissés par le mouvement du printemps 2003.
Nous avons donc déposé, le jour même, un préavis de grève pour le jeudi suivant.
Au cours de la semaine du 18 au 25 la mobilisation s’est amplifiée, les élèves eux-mêmes, de leur côté, en appelaient à l’action et nous avons assuré l’indispensable contact avec la presse, la radio et la télévision locales sans lesquelles toute action reste confidentielle. Il n’était pas question pour nous de nous agiter et d’étouffer au fond d’un bocal.
Journée « porte fermée » (2) à Langevin le jeudi 25. Grande et sympathique foire sur le parvis de notre saint établissement : présence de représentants de la Région, FR3, RTL, France Bleue Provence et Var matin ...presque aussi bien que pour une étape du tour de France !
A noter à l’intérieur du bahut, une absence cependant, celle du chef d’établissement qui avait apparemment mieux à faire ailleurs.
Le lycée quasiment mort allait cependant connaître son quart d’heure de psychodrame puisque nous avons osé faire pénétrer les caméras de FR3 à l’intérieur du lycée. Ce crime ne pouvait demeurer impuni... au bout du compte, il le restera.
L’A.G. de 10 heures 30 nous a permis d’envisager et de mettre sur pied la poursuite de l’action sous d’autres formes.
Constitution de trois commissions, la première chargée de rédiger les informations à destination des autres établissements. La deuxième chargée de mettre en place les délégations auprès du Préfet et du Recteur. La troisième destinée à contacter les élus locaux.
Une rencontre avec les parents d’élèves est prévue... nous vous tiendrons au courant des suites du mouvement.
(1) heure mensuelle intersyndicale
(2) Sans qu’il n’y ait le moindre piquet de grève.